Voilà des semaines que tous les acteurs politiques et socio-économiques partout sur la planète débattent sur le monde d’après. Il n’est pas une émission télé ou radio qui n’aborde pas la question, la crise sanitaire post-Covid19 est dans tous les esprits.
Et pour cause, la planète n’avait pas connu de crise sanitaire majeure depuis la grippe espagnole en 1918 qui avait fait environ 50 millions de victimes. Les crises économiques de 1929 ou plus récemment de 2008 ont eu des causes et des impacts différents, la spéculation financière ayant été source du problème. Le monde est donc déstabilisé et semble s’acheminer vers un bouleversement de l’ordre économique actuel à tel point que de nombreuses voix s’expriment sur la nécessité de repenser les liens économiques, environnementaux et sociétaux.
À quoi ce monde d’après ressemblera-t-il ?
Le choc économique est inévitable et sera considérable. Voilà une réalité ! Le ministre de l’Economie, Bruno Lemaire a exposé il y a quelques jours que la crise allait probablement entraîner la suppression de près de 800 000 emplois, représentant 2,8 % de l'emploi total en France. Selon une étude d’Initiative France, 57% des organisations ont suspendu leur activité et 59% des entrepreneurs ne sont plus en capacité de se rémunérer en sortie de crise.
Plus près de nous dans le Pacifique, l’Institut de la Statistique de la Polynésie française (ISPF) estime que 15 à 20.000 emplois seront menacés sur le territoire. D’après une consultation du MEDEF Polynésie, les entreprises projettent une perte entre 22% et 30% de leur volume d’activité sur les années 2020 et 2021.
Certes, pour accompagner les collectivités locales et les entreprises ultramarines, le ministère des Outre-mer et l'Agence française de développement (AFD) ont validé un Plan "Outre-mer en commun" d'un milliard d'euros. Et le gouvernement polynésien travaille à un plan de sauvegarde de l’économie locale.
Comment l’entreprise devra t-elle considérer son organisation du travail ?
Pour Xavier Ragot, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), nous allons « observer une reconfiguration du capitalisme » qui imposera une réflexion sanitaire, sociale et environnementale.
Majoritairement, les sociologues, anthropologues et philosophes considèrent qu’il nous faut engager un changement profond pour repenser notre système actuel. Le professeur Bruno Latour aspire à ce que nous imaginions des gestes barrières pour éviter un retour à la production de masse et au monde d’avant. « La pandémie a permis un arrêt général et brutal qu’il serait terrifiant de ne pas considérer » pour rectifier la trajectoire qui nous mène aujourd’hui directement vers la 6ème extinction de masse. Sinon à quoi bon tout cela ?
La crise aura pour conséquence de reconsidérer nos rapports sociaux, le travail et même notre rapport au religieux… estime le neuropsychiatre français Boris Cyrulnik, spécialiste du concept de résilience : « Je pense qu’après l’épidémie, il va y avoir une explosion de relations, d’associations, de lieux de dialogue ».
Cette question de la résilience est devenue très sérieuse ces dernières semaines dans les entreprises. Nos métiers de Coach-Consultant-Formateur en leadership et Management du changement nous positionnent pleinement à être en capacité d’accompagner cette résilience des organisations et des gouvernances :
- en proposant des solutions courtes et à fort impact,
- en marquant notre action de notre ADN professionnel qui est d’éclairer et de développer l’agilité des hommes et des organisations.
Nous avons observé que la crise sanitaire avait été un accélérateur de tendances. Elle a accentué les écarts et les différences. Elle a totalement déstructuré l’organisation des équipes entre ceux qui ont assuré leur fonction en présentiel, ceux qui ont basculé en télétravail, la façon de manager des équipes à distance,...
Cette crise a mis en exergue les systèmes déséquilibrés et a exacerbé des relations déjà sensibles :
- Si l’entreprise était performante, cohésive et agile, la pandémie et le confinement auront pu être managés en croissance, avec agilité malgré le stress et les incertitudes,
- Si à l’inverse, l’entreprise était vulnérable et résistante aux facteurs de changement, ce temps aura pu être vécu difficilement, de manière rigide, accompagné par une gestion du stress en survie pouvant générer des fragilités supplémentaires.
Et nous là-dedans ?
Quelque soit le scénario, nous pouvons gager que les organisations devront produire des efforts importants pour se reconstruire au delà des heurts, des peurs et parfois des souffrances. Nous devons interroger le retour des collaborateurs sur site et ce serait une erreur de considérer que nous pourrions recommencer comme s’il ne s’était rien passé. Sans attendre, les entreprises pourraient procéder à un retour d’expérience qui leur permettrait d’apprendre beaucoup sur elles-mêmes, à partir des avis des collaborateurs, et de tirer des enseignements au niveau relationnel, managérial,…
Nous avons aussi constaté que les comportements des individus, à tous les niveaux de l’entreprise avaient pu susciter des étonnements. Certains qu’on croyait à la hauteur avec un fort potentiel se sont effondrés là où d’autres plus discrets ont su s’engager, rassembler, faire face à la peur et au stress de manière positive. Ce n’est pas une généralité bien sur, mais ce constat pose la question de la façon dont on peut faire évoluer les structures et redistribuer les cartes pour mieux piloter demain.
D’une manière générale, il m’apparaît fondamental dès aujourd’hui et pour l’avenir que les organisations s’interrogent sur leurs capacités à développer leur croissance – pas que business, on parle là d’une croissance relationnelle, émotionnelle, d’une agilité qui leur donnera la capacité à :
- Écouter, faire preuve d’empathie,
- Cultiver les remises en question, répondre aux doutes,
- Apprendre à naviguer avec l’incertitude dans ce monde d’après,
- Innover d’un point de vue managérial, digital et technique,
- Redonner du sens à ce que l’on fait et repenser la place de chacun dans l’organisation,
- Développer les potentialités de leadership de chacun, du dirigeant au collaborateur,
- Engager les individus dans un changement durable qui prenne en compte les enjeux environnementaux et sociaux.
Notre travail vise à permettre le développement de cette croissance, à (ré)initier et développer un état d’esprit volontaire, engagé et optimiste pour l’avenir.
La coopération et la solidarité ont su émerger durant cette période, à de nombreux égards, et je suis convaincue de la nécessité de poursuivre cet élan. Depuis cette place, j’espère contribuer à l’émergence de nouvelles positions, à la refondation de nos organisations et de notre société pour retrouver l’équilibre. Le monde d’après sera ce que nous voudrons bien en faire. C’est certainement ambitieux et un peu philosophique mais n’avons-nous pas besoin de penser - ou devrais-je dire panser - une nouvelle vision pour nous tous demain ?