« On ne va pas quand même pas parler d’empathie envers ses collaborateurs dans ce séminaire ?! ». C’est par ces mots qu’un manager exprimait sa surprise lors d’une formation alors que nous abordions le thème du leadership et de l’intelligence émotionnelle.
Il faut dire que pendant longtemps, les émotions n’ont pas eu leur place dans le monde professionnel. Les qualités traditionnellement associées au leadership dans les grandes organisations reposaient en priorité sur la capacité intellectuelle, la détermination, la vision ainsi que les compétences techniques.
Des travaux de recherche sur les émotions ont été menés depuis le début du 19è siècle, mais, ce sont les années 1990 qui vont être révélatrices de l’impact de nos émotions sur nos relations et plus encore, du lien fondamental entre notre niveau d’intelligence émotionnelle et notre performance.
Daniel Goleman, docteur en psychologie, professeur à Harvard et journaliste au New York Times publie ainsi en 1995 l'ouvrage « Intelligence émotionnelle ». Il remet en cause la conception traditionnelle de l'intelligence et vulgarise le concept d’intelligence émotionnelle qu’il définit comme « La capacité à réguler ses émotions et celles des autres, à les distinguer et à utiliser ces informations pour guider sa pensée et ses actions ». Dès lors, on a pu mesurer combien cette dimension devenait fondamentale pour la qualité des relations entre les personnes et plus largement la cohésion des équipes.
L’intelligence émotionnelle constitue l’élément le plus important du leadership
L’intelligence et les compétences techniques jouent un rôle important dans le développement de la carrière d’un individu. C’est un fait, ce sont des points d’entrée aux postes d’encadrement.
Cependant, les études réalisées par Daniel Goleman et les recherches récentes ont montré que l’intelligence émotionnelle constituait la condition sine qua non du leadership et de l’efficacité d’une équipe. Etre plus agile, développer ses capacités d’anticipation, de flexibilité, de créativité dans ses relations aux autres et mieux gérer les situations difficiles de communication deviennent ainsi majeurs.
L’efficacité d’un leader se distingue donc par son haut degré d’intelligence émotionnelle et inclut conscience de soi, maîtrise de soi, motivation, empathie et aptitude sociale.
Cela signifie que le leadership ne peut être basé sur un raisonnement seul.
Il faut savoir que le terme vient du vieil anglais lædan qui signifie « pour guider, pour aller avec, marcher à la tête, accompagner et montrer la façon ». Nous pouvons lire que le leadership est « la capacité d'un individu à mener ou conduire d'autres individus ou organisations dans le but d'atteindre certains objectifs. C’est quelqu'un capable de guider, d'influencer et d'inspirer ».
La définition suivante retiendra particulièrement mon attention : « C’est mettre ses passions et ses talents au service de projets inspirants pour soi et pour les autres, des projets qui transforment et enchantent le monde ».
Pour être performant, le leader doit dépasser le stade logique, raisonné et rationnel. Il faut qu'il exprime ses émotions, c’est par elles qu’il saura transporter ses équipes, inspirer les individus et obtenir de l’impact. Aussi, il doit s’autoriser à communiquer ses propres sentiments, se laisser aller à partager ses passions, ses intérêts et sa motivation.
Composantes du leadership
Les capacités relationnelles représentent donc l’une des qualités essentielles pour être un bon leader. Pour autant, quel est son rôle ? Quelles sont ses composantes essentielles ?
- Le leader donne du sens à l’action et exprime une direction.
C’est un visionnaire qui sait anticiper, inventer demain, voir les opportunités et créer de nouveaux horizons. - Il énergise et mobilise les individus pour aller vers la vision communiquée.
Il inspire et augmente le niveau d’énergie, développe les esprits de son équipe, crée de la vitalité et joue positivement avec les émotions. - Il accroit la coopération entre les individus et développe l’empowerment.
- Il sait faire évoluer les conflits en options positives, gérer les confrontations, les malentendus et transformer les désaccords en source de créativité.
Contrairement au management qui vise à gérer la complexité, l’efficience et l’optimisation des systèmes au quotidien, le leadership produit du changement, crée de la valeur dans l’organisation et développe les talents. Leadership, conduite du changement et communication sont intimement liés.
Comment renforcer ses capacités personnelles de leadership ?
Inné ou acquis ?
Les enquêtes scientifiques suggèrent fortement qu’il existe un composant génétique à l’intelligence émotionnelle. Les recherches et la pratique ont prouvé néanmoins que cette capacité peut être développée et qu’elle s’accroit avec l’âge et la maturité. Les neurosciences modifient chaque jour nos croyances, font évoluer nos réponses sur des sujets classiques tels que l’intelligence, le fonctionnement du cerveau, la place des émotions, la prise de décision, la conscience de soi et des autres,… Ainsi, la plasticité cérébrale a démontré que nous pouvions développer nos capacités et apprendre toute notre vie.
La première réponse pour développer son leadership serait d’apprendre à mieux se connaître.
Les profils de communication peuvent apporter des éclairages et une meilleure compréhension de ses propres comportements et de ceux des autres.
Il est intéressant de s’appuyer sur les composantes essentielles de l’intelligence émotionnelle que nous avons mentionnées : conscience de soi, maîtrise de soi, motivation, empathie et aptitude sociale.
Pour y parvenir, la pratique a révélé l’importance de la motivation et de la sincérité des individus à vouloir changer. Il est alors nécessaire de rechercher les feed back de son entourage, développer sa capacité d’écoute et son ouverture aux autres, s’autoriser à exprimer ses sentiments et ses émotions.
Enfin, le coaching peut aider à clarifier les intentions, son positionnement, identifier les blocages et engager les ressources nécessaires à l’atteinte de ses propres objectifs pour devenir meilleur leader.
Sources : Institut ComProfiles, Robert Weisz / Intelligence émotionnelle, Daniel Goleman, Paradigme pour les compétences d’équipes, Pierre Casse & Eoin Banahan