Alexandra Caldas est une jeune femme de 21 ans hors du commun. Atteinte de mucoviscidose et greffée des poumons depuis quatre ans, elle est venue passer quelques mois en Polynésie pour réaliser un challenge fou empreint d’espoir : effectuer la traversée de Tahiti à Moorea en aviron, une distance de17km qu’elle a parcourue au profit de la lutte contre la mucoviscidose et pour la promotion du don d'organes. Nul doute que la détermination d’une petite fille devenue grande a beaucoup à nous apprendre. Rencontre.
Guitare, randonnée, parapente … sur ta wishes list, tu avais inscrit de voyager et de venir à Tahiti. Quels ont été tes objectifs pour ce projet « Rame avec Alexandra » ?
Le premier objectif que je me suis lancée pour ce projet de traversée : m’inscrire à l’aviron ! J’avais seulement dix mois pour apprendre à ramer alors que ça faisait presque dix ans que je ne faisais pas de sport.
Le deuxième objectif était de parler de moi… enfin, une partie : parler de ma maladie. Ce n’était pas évident pour quelqu’un qui cachait à la terre entière ce petit détail 😉 Je ne voulais pas qu’on me mette dans la catégorie « malade » parce que j’étais une enfant et une adolescente comme les autres à un seul détail près…
Le troisième point est en fait le principal objectif de cette traversée, c'était de sensibiliser au don d’organes, quelque soit l’âge et de parler de la mucoviscidose.
Tu dis souvent qu’il faut viser l’impossible pour rendre possible, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
Cette phrase à plusieurs sens. Celui de dire que même malade, on peut réaliser des rêves ancrés au plus profond de soi. Il y a quelques années, mes médecins estimaient qu’il m’était impossible de voyager à 15 000km de chez moi, sur une île, si loin… Qu’il m’était impossible de faire du sport à cause de ma capacité respiratoire. Pourtant, aujourd’hui j’ai réalisé tout ça ! Et j’en suis fière.
Je veux que mon histoire inspire des jeunes, comme moi, qui pensent que leur vie ne se réduit qu’à ces restrictions, ces lits et ces longs couloirs d’hôpitaux glauques. Je pense qu’avec des objectifs et des rêves, tout être humain peut réaliser de grandes choses et surtout aller jusqu’au bout de lui-même.
Tu as réalisé cette traversée Tahiti Moorea le 05 août dernier avec succès, quel regard et quels souvenirs portes-tu aujourd’hui de ta performance ?
L’année dernière à la même période, sous la neige, j’étais en train de ramer en imaginant ce 05 août. Mais, je ne pensais pas à ce point que cette journée serait magique. En un seul mot, le souvenir que j’en garde est : SOURIRES.
Arriver à la passe de Moorea, après 17km parcourus, il y avait des sourires et des chants partout devant moi, j’étais avec 100 rameurs… On a réussi ! Matthieu Forge, mon ami et kinésithérapeute, me prenait dans ses bras. C’était le signe de notre satisfaction et de notre concrétisation. Mon message était passé et j’étais allée au bout de ce challenge.
Tu es impressionnante d’énergie, où puises-tu ta force ?
Je puise cette force de par ma maladie, je n’en fais pas une fatalité. Au contraire. Sans elle, je n’aurais pas vécu ces histoires, rencontré ces personnes ou grandi plus vite. C’est peut être là que vais chercher cette énergie, qui sait.
On peut parfois être enclin à baisser les bras devant les difficultés ou face à l’échec. Comment perçois-tu cela ?
Je ne suis pas un robot, une surhumaine ou une extra-terrestre. Il m’arrive comme tout le monde de baisser les bras et d’avoir le moral dans les chaussettes ! Puis, je regarde mon parcours et je me dis que ça n’en vaut pas la peine. Un échec ou une difficulté dans la vie permet d’apprendre et de se relever pour devenir encore meilleur. Il est là le secret 😉
Le monde de l’entreprise s’inspire des codes sportifs et du mental des grands champions. Et si on s’inspirait de ton histoire ?
On s’inspire rarement des gens « malades » parce qu’en temps normal ils peuvent faire peur… Pourtant, nous avons un mental aussi fort qu’un sportif et nous sommes « matures » depuis notre plus tendre enfance, involontairement. Nous sommes courageux et persévérants, nous n’avons peur de rien, l’inconnu ça nous connait !
On ne sait pas de ce que demain sera fait, c’est aujourd’hui, ici et maintenant, qu’il faut faire les choses. Si l’on s’inspirait de nos histoires dans les entreprises, on ne se soucierait pas d’un petit « mal de tête » ou encore « de la mauvaise nuit que l’on a passée », on serait de plain pied dans notre vie en général.
Quel est ton prochain projet ?
Mon prochain défi ? Au mois de février prochain, accompagnée de mon acolyte Matthieu Forge et de Jérémie Azou, champion olympique et mondial d’aviron, je vais participer au Championnat de France d’aviron Indoor, plus connu sous le nom de rameur, ergomètre…
Pleins d’autres projets vont suivre ! Pour cela, il faut me suivre sur ma page Facebook « Rame avec Alexandra ».
Un dernier message à faire passer ?
Ce weekend a lieu le Téléthon. Qu’est ce que c’est ? C’est une vaste opération de collecte de fonds contre les maladies génétiques et neuromusculaires. Alors si vous aussi, vous voulez aider la recherche, faites un don ! Chaque euros compte !
En Polynésie, vous pouvez faire des dons au 44 36 37 jusqu'à ce samedi 09 décembre 2017 à 20 heures.