Existe t-il des différences dans les profils psychologiques entre la Polynésie française et d’autres pays ? Quels sont les langages de communication prédominants sur notre territoire ? Notre profil a t-il un lien avec la culture de notre entreprise ou même notre culture polynésienne ? Ces interrogations font régulièrement l’objet d’échanges lors des formations ComProfiles que j’anime.
Ainsi, il me tenait à cœur, au delà des travaux de recherche menés par le Professeur Robert Weisz, fondateur du concept de croissance relationnelle et du modèle ComProfiles, de réaliser un focus sur nos îles du bout du monde. Il a donc fallu, énumérer, trier, classer par catégories de sexe, âge, fonction, secteur d’activités,… l’ensemble des données dont je disposais depuis la première session de formation animée à Papeete en 2012.
Profils de communication R,I,S,V
Nous savons que le point de départ du succès d’une organisation réside dans la qualité des ses équipes et dans sa capacité à créer des contextes de travail performants.
Les profils de communication sont des outils qui définissent les types de personnalités et de comportements des individus. Ils ont pour but de nous renseigner sur notre style de communication et nos traits relationnels dominants selon que nous sommes à un bon niveau d’énergie et de ressources ou que nous sommes à l’inverse soumis à des facteurs de stress.
Le modèle ComProfiles et la croissance relationnelle permettent d’apprendre à gérer les situations de communication les plus difficiles et à exercer pleinement son leadership. Ils visent à rendre la communication interpersonnelle performante, satisfaisante et harmonieuse, renforcent les compétences d’un leader et sa capacité à animer une équipe.
Ce Modèle nous rend capable d’analyser ce qui se joue dans la communication entre deux ou plusieurs personnes ou ce qui bloque le développement d’un individu. Il s’appuie sur des langages psychologiques et relationnels.
Certains profils de Communication sont purs : R,I,S,V. D'autres, en raison des évolutions psychologiques de la personne concernée, sont composites.
Un profil de communication ne détermine personne, ce serait une erreur que de vouloir mettre les individus dans des typologie et de chercher à les cartographier. Robert Weisz me rappelait lors d’une interview qu’une bonne appréhension du modèle permet tout particulièrement « d’anticiper un certain nombre de comportements, nous prépare et nourrit notre intuition mais ne présage certainement pas des attitudes d’autrui, car cela dépendra du niveau de développement de la personne et de son état de croissance ou de survie (ndlr Stress important) ».
Analyse des profils polynésiens
Un premier chiffre d’abord : Plus de 500 personnes, quasiment exclusivement des dirigeants et des managers, ont déjà été formées au modèle ComProfiles et au concept de Croissance relationnelle en Polynésie française à la fin du premier trimestre 2018.
Ce sont pour 55% des femmes contre 45% d’hommes dont la moyenne d’âge se situe entre 40 et 50 ans pour 39% d’entre eux.
Le secteur privé est représenté à 52% et ce sont les activités de banque et de finance, les transports suivis de l’industrie qui dominent. Les services de la fonction publique de la Polynésie française ainsi que les organismes privés de mission de service public complètent l’échantillon.
Près de la moitié des profils de communication de l’ensemble des managers, cadres et dirigeants en Polynésie française est identifiée appartenant au langage relationnel S – Structure. Les valeurs défendues sont la confiance, l’expertise, la clarté et les besoins psychologiques fondamentaux prédominants sont la confirmation, le cadre et le savoir.
Ces profils de communication sont à l’aise dans les rôles d’organisateur, de gestionnaire et d’expert. Ainsi, 35% sont référencés dans les fonctions techniques et de production et 15% en middle management.
Le second langage dominant en Polynésie appartient au profil R- Relations pour 12%. Cumulé avec le profil RS- Relation Structure, le pourcentage atteint 20% et représente une population plutôt féminine (65%). Les valeurs essentielles sont l’harmonie, la solidarité et la coopération stable dans un environnement sécurisé et sérieux. Les besoins psychologiques fondamentaux identifiés sont l’affection, le contact et la conformité dans la bienveillance.
La subtilité du modèle ComProfiles permet d’évaluer par ailleurs les évolutions psychologiques des individus et de déterminer les écarts éventuels entre leur profil perçu (c’est à dire actuel) et leur profil fondamental, plus ancien et historique. Ainsi, il est constaté que la base du profil S-Structure en Polynésie prend son assise dans le profil RS-Relation Structure.
Les langages relationnels I-Idées et V-Valeurs sont moins fréquents et comptabilisent respectivement 7% et 11%. Les profils I sont davantage identifiés de sexe masculin (à 53%), et issus du secteur privé à 69%. Enfin, les profils V-Valeurs ne mettent en exergue ni indicateurs spécifiques liés au sexe, à l’âge ou au secteur d’activité. En revanche, ils cumulent 36% des fonctions d’encadrement intermédiaire et de direction générale.
Des profils en lien avec la culture
Près de 70% des profils de communication en Polynésie sont donc liés aux langages relationnels S-Structure / R-Relation / RS- Relation Structure et il s’agit là d’un résultat non négligeable. Bien qu’il n’existe pas de statistiques ComProfiles à ce jour qui permettent de comparer objectivement ces données avec d’autres pays, Robert Weisz confirme que cela doit attirer notre attention.
Les interventions ComProfiles dans le monde entier font en effet apparaître des différences entre les profils culturels. Les cultures locales – elles peuvent être des cultures nationales ou même d’entreprise, voire de métiers – ont une influence très fortes sur les profils psychologiques. « Si on reste au niveau culturel d’un pays ou d’une partie d’un pays, il est fort probable que les normes cultuelles influencent la satisfaction des besoins de manière très forte » indique Robert Weisz lorsque nous abordons ce sujet.
Les îles polynésiennes ont une très forte spécificité culturelle. Si nous regardons les profils du point de vue sociologique et culturel - et non psychologique - il y a véritablement des profils qui sont plus fréquents que d’autres en Polynésie et c’est révélateur de la culture, très fondée sur ce qui unit les gens, qui se joue autour de la famille et de l’appartenance à la communauté. Ce sont aussi des normes et des pratiques culturelles. Les croyances religieuses, l’attachement à la terre ont une importance considérable. Notamment les valeurs et les liens qui sont attachés au territoire, qui vont bien au-delà de la propriété.
Nous pourrions décrire cela de la manière suivante explique Robert Weisz « Très souvent, les besoins qui ont un rapport à la culture sont tellement forts qu’ils ne sont jamais satisfaits complètement. Et on sait que les individus ont tendance à vouloir se fixer là où un besoin n’est pas satisfait. Dans les systèmes culturels, les normes sociales et culturelles très valorisées ont un impact sur les individus et une influence sur les profils psychologiques. Cela va modeler culturellement, sociologiquement une population et certains profils vont apparaître de manière beaucoup plus fréquemment que d’autres en raison de certaines valeurs hautement portées qui font que les besoins ne sont jamais totalement satisfaits ».
Dans les organisations et dans les métiers, le même mécanisme est constaté : des normes et des valeurs sont fortement ancrées et doivent être respectées et mises en œuvre. Selon les entreprises, nous constatons que certaines valorisent certains profils plutôt que d’autres. Nous faisons le constat lors de nos interventions dans de grandes entreprises que ce sont toujours les mêmes profils qui émergent. Cela signifie que le recrutement et la sélection, la manière de mener et de valoriser les carrières à l’intérieur de l’organisation sont centrés vers des profils identiques.